7 décembre 2007
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"Lire, ce n'est jamais que fixer un point pour ne pas se laisser séduire, et détruire, par la fuite incontrôlable du monde. On ne lirait pas, rien, si ce n'était par peur. Ou pour renvoyer à plus tard la tentation d'un désir destructeur auquel, on le sait, on ne saura pas résister. On lit pour ne pas lever les yeux vers la fenêtre, voilà la vérité. Un livre ouvert, c'est toujours la présence assurée d'un lâche."
Alessandro Baricco, Châteaux de la colère
Humanophone, Jun, Pekish, la veste de Pehnt, la veuve Abegg qui ne s'est jamais mariée, Horeau l'architecte, Reihl, Mormy, Elizabeth. Et comment dans un seul livre cohabitent l'histoire d'un directeur d'une fabrique de verre rêvant d'une ligne de chemin de fer, et celle du village de Quinnipak où les habitants créent une musique qui fixe l'infini. Par l'auteur de L'âme de Hegel et les vaches du Wisconsin et Novecento : pianiste .
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28 novembre 2007
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Je ne croyais pas Flaubert capable de tant d'ironie et de froides plaisanteries avant de me lancer dans la lecture de Madame Bovary. Après avoir lu Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, il m'a semblé presque naturel, sinon obligatoire, de lire cette oeuvre phare de Flaubert. Celui-ci apparaît comme un chirurgien de l'âme humaine, disséquant avec cruauté le moindre sentiment de ses personnages jusqu'à nous les faire apparaître vils et méprisables, assujettis à leurs passions comme des pantins au marionettiste, qui, dans l'ombre du théâtre décide du moindre geste de ses créatures inanimées. A côté de ce style amer, la langue est mirifique. Inscrit dans le mouvement naturaliste, Flaubert nous plonge dans un dix-neuvième siècle sentimentalement tourmenté, où morale et devoir accompagnaient les hommes dans chacune de leurs démarches. J'en garderai un profond émoi mêlé de pitié pour Emma Bovary, allégorie du désespoir amoureux qui ne trouva de remède au mal qui la rongeait que dans la tombe.
C'était magnifique.
"Je l'aime pourtant !" se disait-elle
N'importe ! elle n'était pas heureuse, ne l'avait jamais été. D'où venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanée des choses où elle s'appuyait ?... [...] Chaque sourire cachait un baîllement d'ennui, chaque joie une malédiction, tout plaisir son dégoût, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lèvre qu'une irréalisable envie d'une volupté plus haute.
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3 novembre 2007
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Comme chacun, naturellement, il eut dans sa vie des liaisons et des conquêtes. Sa part d'amour en somme, que jamais il n'arriva à fixer. Une sorte de voile ou de filet, quelque chose d'à la fois invincible et inexplicable, la peur peut-être d'un évènement qu'il pressentait sans remède car si fragile et si dangereux qu'on ne pouvait l'endurer longtemps, le retenait cependant chaque fois qu'il risquait de tomber amoureux.
Alors il rompait.
Mais quoi ? Les amours de jeunesse ressemblent à cette vaccine de Jenner que les médecins vous injectent contre la variole : elle vous immunise ; mais en même temps qu'elle vous immunise, elle vous transmet un peu de la maladie.
Philippe Doumenc, Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary
Retour sur la mort de Madame Bovary, dont l'histoire romancée, parue en 1857 sous la plume de Gustave Flaubert, secoua d'abord l'opinion publique avant de toucher de nombreux lecteurs et de s'inscrire indubitablement dans cette catégorie de livres qui sont à la base de la littérature classique française. Mais Emma Bovary s'est-elle réellement suicidée ? Philippe Doumenc réexplore le récit trop connu du célèbre écrivain naturaliste sous une plume admirablement subtile et élégante. Il expose, dans un genre tout autre, un nouvel angle de vue des faits qui survinrent à Yonville l'Abbaye, il y a plus d'un siècle.
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4 septembre 2007
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J'ai fermé les yeux pour ne plus te voir
J'ai fermé les yeux pour pleurer
De ne plus te voir.
Où sont tes mains et les mains des caresses
Où sont tes yeux les quatre volontés du jour
Toi tout à perdre tu n'es plus là
Pour éblouir la mémoire des nuits.
Tout à perdre je me vois vivre.
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4 juin 2007
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L'identité n'est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence.
Amin Maalouf, Les Identités meurtrières
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22 mai 2007
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Emile Zola (1840 - 1902) est un des écrivains français les plus connus, notamment pour son oeuvre et son engagement dans la révision du procés d'Alfred Dreyfus. Il est considéré comme le chef de file du mouvement du naturalisme.
Cette école littéraire, dans les dernières décennies du XIXe siècle, cherche à introduire dans l'art la méthode des sciences expérimentales appliquée à la biologie par Claude Bernard.
Émile Zola, chef de file du naturalisme, expose cette théorie dans le Roman expérimental (1880). Prenant comme modèle le docteur Bernard de la Médecine expérimentale (1865), Zola considère que «le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur ». L'observateur choisit son sujet (l'alcoolisme, par exemple) et émet une hypothèse (l'alcoolisme est héréditaire ou est dû à l'influence de l'environnement).
La méthode expérimentale repose sur le fait que le romancier « intervient d'une façon directe pour placer son personnage dans des conditions » qui révéleront le mécanisme de sa passion et vérifieront l'hypothèse initiale.
"Au bout, il y a la connaissance de l'homme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale".
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21 mai 2007
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D'après le dictionnaire Bescherelle de 1856, l'expression "à qui mieux mieux" que l'on utilise si souvent de nos jours sans réellement savoir ce qu'elle signifie littéralement, est une phrase elliptique, qui fait que l'ensemble suivant...
"Nous vous aimons à (ce point et de telle façon que celle) qui (de nous deux vous aime déjà) mieux (que l'autre, vous aime encore) mieux".
... se résume de la sorte aujourd'hui :
"Nous vous aimons à qui mieux mieux".
facile, non ?
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6 mai 2007
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En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur.
Gandhi, Tous les hommes sont frères
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15 avril 2007
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Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute réputation de sagesse. Quelqu'un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dit :
"Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ?
Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires.
- Les trois passoires ?
- Mais oui, reprit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire. C'est ce que j'appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux dire est vrai ?
- Non, j'en ai seulement entendu parler...
- Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité.
Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?
- Ah non ! au contraire.
- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain si elles sont vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité. Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ?
- Pas vraiment.
- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?"
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16 février 2007
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Leur crédulité accroit son impudence et son impudence subjugue leur crédulité.
David Hume, Enquête sur l'entendement humain
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