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5 juillet 2008 6 05 /07 /juillet /2008 23:04


Il y a sur terre de telles immensités de misère, de détresse, de gêne et d'horreur, que l'homme heureux n'y peut songer sans prendre honte de son bonheur. Et pourtant ne peut rien pour le bonheur d'autrui celui qui ne sait être heureux lui-même. (...) Mon bonheur est d'augmenter celui des autres. J'ai besoin du bonheur de tous pour être heureux.



André Gide, Les Nouvelles Nourritures Terrestres.

26 juin 2008 4 26 /06 /juin /2008 12:32

La peur du ridicule obtient de nous les pires lâchetés. Combien de jeunes velléités qui se croyaient pleines de vaillance et qu'a dégonflées tout à coup ce seul mot d' "Utopie" appliqué à leurs convictions, et la crainte de passer pour chimériques aux yeux des gens sensés. Comme si tout grand progrès de l'humanité n'était pas dû à de l'utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne devait pas être faite de l'utopie d'hier et d'aujourd'hui - si l'avenir consent à n'être point la seule répétition du passé, ce qui serait la considération la mieux capable de m'enlever toute joie de vivre. Oui, sans l'idée d'un progrès possible, la vie ne m'est plus d'aucun prix.

André Gide, Les Nouvelles Nourritures Terrestres

17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 17:07

"Et quand tu m'auras lu, jette ce livre - et sors. Je voudrais qu'il t'eût donné le désir de sortir - sortir de n'importe où, de ta ville, de ta famille, de ta chambre, de ta pensée. N'emporte pas mon livre avec toi. Si j'étais Ménalque, pour te conduire j'aurais pris ta main droite, mais ta main gauche l'eût ignoré, et cette main serrée, au plus tôt je l'eusse lâchée, dès qu'on eût été loin des villes, et que je t'eusse dit : oublie-moi. Que mon livre t'enseigne à t'intéresser plus à toi qu'à lui-même, - puis à tout le reste qu'à toi."

André Gide, Les Nourritures Terrestres

29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 06:38


De l'Allemagne aux Etats-Unis, quatre générations d'une même famille juive cohabitent dans ce roman de Nancy Huston. Brutalement et sans préavis, quatre récits se succèdent, sans aucun autre lien que celui de cette parenté, ce même futur convergent paradoxalement vers le début du roman. En effet, Nancy Huston expose l'une après l'autre les histoires d'enfants de six ans, l'un parent du précédent, en remontant le temps. Bousculant l'ordre des relations causales temporelles, la retrospective est un peu troublante, car notre avancée dans le livre éclaire progressivement les histoires précédentes, ne donnant au lecteur, une fois la lecture achevée, que l'envie de se replonger dans les personnages du début, le regard éclairé par l'histoire qui ne nous est révélée qu'au fil du livre.

27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 07:54



La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée. un essor à l'imagination.

Elle est un charme à la tristesse, à la gaieté, à la vie, à toute chose.

Elle est l'essence du temps et s'élève à tout ce qui est de forme invisible mais cependant éblouissante et passionnément éternelle.

Platon, La Musique

19 avril 2008 6 19 /04 /avril /2008 21:58

Les idées reçues dont parle Flaubert, ce sont des idées reçues par tout le monde, banales, convenues, communes ; mais ce sont aussi des idées qui, quand vous les recevez, sont déjà reçues, en sorte que le problème de la réception ne se pose pas. (...)
L'échange de lieux communs est une communication sans autre contenu que le fait même de la communication. Les "lieux communs" qui jouent un rôle énorme dans la conversation quotidienne ont cette vertu que tout le monde peut les recevoir et les recevoir instantanément : par leur banalité, ils sont communs à l'émetteur et au récepteur. A l'opposé, la pensée est, par définition, subversive : elle doit commencer par démonter les idées reçues et elle doit ensuite démontrer. Quand Descartes parle de démonstration, il parle de longues chaînes de raisons. Cela prend du temps, il faut dérouler une série de propositions enchaînées par des "donc", "en conséquence", "cela dit", "étant entendu que"... Or, ce déploiement de la pensée pensante est intrinsèquement lié au temps.

Pierre Bourdieu, Sur la télévision
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Sur la télévision est un regroupement de deux cours télévisés prononcés par Pierre Bourdieu en 1996 sur TV Sorbonne. Parus peu après sous forme de textes, le sociologue y explique les pendants de la Télévision toute puissante, celle qui entrave les libertés et emprisonne la pensée au nom de l'audimat et de l'économie télévisuelle. Bourdieu, après avoir distingué dans un préambule trois menaces au libre-penser - la limitation du temps de parole, les thèmes imposés et les rappels à l'ordre - explique comment il a pu lui-même échapper exceptionnellement à ces trois conditions d'enregistrement qui sont les principes de base des émissions ordinaires. Pierre Bourdieu se permet d'être le critique objectif d'un instrument, qui à défaut d'être symbole de démocratie, est presque devenu aujourd'hui symbole d'oppression publique, manipulant à tout va les masses populaires à coups de non-information. Le Fait divers omnibus, expliqué dans le chapitre Le plateau et ses coulisses, et le fast thinking dont il est question dans l'extrait ci-dessus représentent clairementt deux des malaises actuels de la télévision.

15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 11:31

Mais les faits divers, ce sont aussi des faits qui font diversion. Les prestidigitateurs ont aussi un principe élémentaire qui consiste à attirer l'attention sur autre chose que ce qu'ils font. Une part de l'action symbolique de la télévision, au niveau des informations par exemple, consiste à attirer l'attention sur des faits qui sont de nature à intéresser tout le monde, dont on peut dire qu'ils sont omnibus - c'est à dire pour tout le monde. Les faits omnibus sont des faits qui, comme on dit, ne doivent choquer personne, qui sont sans enjeu, qui ne divisent pas, qui font le consensus, qui intéressent tout le monde sur un mode tel qu'ils ne touchent rien d'important. Le fait divers, c'est cette sorte de denrée élémentaire, rudimentaire, de l'information qui est très importante parce qu'elle interesse tout le monde sans tirer à conséquence, et qu'elle prend du temps, du temps qui pourrait être employé pour dire autre chose. Or, le temps est une denrée extrêmement rare à la télévision. Et si l'on emploie des minutes si précieuses pour dire des choses si futiles, c'est que ces choses si futiles sont en fait très importantes dans la mesure où elles cachent les choses précieuses.

Pierre Bourdieu, Sur la télévision

6 avril 2008 7 06 /04 /avril /2008 17:01

 


Un étage au dessus de l'obscure salle où les oeuvres de Patti Smith s'exprimaient en silence et en noir et blanc, une autre exposition tout aussi étrange (les adjectifs "contemporain" et "original" auraient aussi bien pu convenir) nommée Open enclosures, offrait aux visiteurs, des architectures intérieures des plus curieuses. Non loin d'une structure cubique entre cage et balançoire où pendaient des rideaux métalliques agrémentés d'objets incongrus - pull en laine pour personne aux bras longs -, une autre oeuvre présentait sur une étagère en verre une série de vases improbables contenant chacun des fleurs ou des branches fleuries aux postures torturées. Andrea Branzi emmèlait avec frénésie verre et nature, souhaitant exprimer la force et le modèle conceptuel de l'énergie électronique de la nature...
Je n'y ai ressenti qu'un malaise oppressant.

ANDREA BRANZI ARCHITETTO

7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 18:55

Ose

IMGP6596.JPG
Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, à travers moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. 
Rien que moi.


Litanie contre la peur du Bene Gesserit, Dune, Franck Herbert.

4 mars 2008 2 04 /03 /mars /2008 23:01

Tout deuxpattes est un ennemi.

Tout quatrepattes ou tout volatile un ami.

Nul animal ne portera de vêtements.

Nul animal ne dormira dans un lit.

Nul animal ne boira d'alcool.

Nul animal ne tuera un autre animal.

Tous les animaux sont égaux...mais certains sont plus égaux que d'autres.

La Ferme des Animaux, George Orwell, 1945

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