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25 avril 2021 7 25 /04 /avril /2021 20:54

tu étais la chose la plus belle que j'aie jamais ressentie jusqu'à maintenant. et j'étais convaincue que tu resterais la chose la plus belle que je ressentirais jamais. sais-tu à quel point cela est réducteur. penser à un âge si jeune que j'avais expérimenté la personne la plus exaltante que j'aie jamais rencontrée. que j'allais passer le reste de ma vie à me poser. penser que j'avais goûté le miel le plus pur et que tout le reste serait traité et artificiel. que rien ne pourrait être ajouté au-delà de ce point. que toutes les années devant moi ne pouvaient pas s'additionner pour être plus douces que toi.

- mensonge

rupi kaur, lait et miel

 

22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 20:29

"Dans le silence, nous l'avons entendue fredonner une note unique qui a filé dans la lueur des bougies comme une petite flèche d'argent. Je l'ai vue croiser le regard de Mrs. Tilling et hocher la tête. Si Mrs. Tilling avait la note, nous savions que les altos seraient sauvés. Prim a levé sa baguette, les yeux clos comme si elle priait quand elle a baissé les bras, la note claire de Mrs. Tilling a résonné dans toute l'église, caressant la masse de pierre de sa chaleur tendre. Les autres altos se sont jointes à elle pour sortir un son d'une plénitudes parfaite. [...]
Les yeux de Prim se sont arrêtés sur moi. Elle a levé les bras et les a baissés, sa baguette et son index pointés vers moi, et j'ai entendu notre première note résonner dans la pénombre pure comme du cristal taillé. Quelqu'un d'autre devait l'avoir attrapée, ai-je pensé, avant de me rendre compte que c'était ma propre voix que j'entendais. J'ai regardé Prim, priant le ciel d'avoir la note juste. Mais elle avait les yeux fermés, et souriait avec une satisfaction sereine. Le son s'est amplifié quand les autres voix se sont jointes à la mienne."

La Chorale des dames de Chilbury, Jennifer Ryan

 

22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 20:11

"Je connais une planète où il y a un monsieur cramoisi qui n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais regardé une étoile. Il n'a jamais aimé personne. Il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi : "Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux !", et ça le fait gonfler d'orgueil. Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon !
- Un quoi ?
- Un champignon !
Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.
- Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n'est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent à rien ? Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? Ce n'est pas plus sérieux et plus important que les additions d'un gros monsieur rouge ?"

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, 1943

 

 

11 avril 2021 7 11 /04 /avril /2021 09:15

J'ai alors imaginé ce que pouvait être la grande obscurité d'avant ma naissance, une éternité qui avait pris fin au moment où j'étais sortie du ventre de ma mère, et aussi une éternité qui allait naître après ma mort, et qui aurait pas de fin, celle-là. J'étais coincée entre ces deux éternités, à penser à la folie que c'était de sortir quelqu'un  d'une éternité paisible pour le rendre conscient de la prochaine, tout ce temps passé à pas comprendre pourquoi on est au monde tous autant qu'on est, pourquoi on tient tant à la vie, à essayer de toujours repousser le grand mur de la mort, alors qu'il suffirait peut-être bien de l'escalader, ou de passer à travers pour plus se poser de question. Parce que vivre, c'est précisément être coincé entre deux éternités, la première qu'on a jamais eu à choisir et la deuxième qui est l'œuvre de Dieu [...].

Né d'aucune femme, Franck Bouysse

Une œuvre magistrale, un roman bouleversant à couper la respiration, impossible à lâcher, insoutenable parfois. 

 

4 avril 2021 7 04 /04 /avril /2021 15:17

Manhattan, 1969

"La première chose que je vis d'elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu'enserrait la bride d'une sandale bleue. Je n'avais jamais été fétichiste avant ce jour de mai et j'avais dû me concentrer sur une partie de l'anatomie féminine, j'aurais spontanément choisi les fesses, l'entrejambe, la gorge ou peut-être le visage, certainement pas les pieds. Je ne les remarquais que s'ils étaient moches ou mal tenus, ce qui n'arrivait pas souvent. J'avais la chance d'être aimé des jolies femmes et je mettais un point d'honneur à répondre à leur affection."

Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Manhattan, 1969 : un homme rencontre une femme.
Dresde, 1945 : sous un déluge de bombes, une mère accouche d'un petit garçon.
Avec puissance et émotion, l'auteur nous fait traverser ces continents et ces époques que tout oppose : des montagnes autrichiennes au désert de Los Alamos, des plaines glacées de Pologne aux fêtes new-yorkaises, de la tragédie d'un monde finissant à l'énergie d'un monde naissant... Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes  gens emportés par un amour impossible sont les héros de cette fresque flamboyante.

 

4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 17:04

"En très haute montagne, je l'apprends, le temps est vécu avec une amplitude qui n'a rien à voir avec notre perception habituelle. En bas, dans les villes, on dit qu'on n'a jamais le temps. Tout cela est parce qu'on ne veut pas le prendre. Au delà de 7 500 mètres, le temps, c'est ta vie. Ton cerveau ralentit, le temps avec, et tu vois ta vie qui passe, seconde après seconde. Le temps, tu le prends à pleine mains, tu le savoures comme ton bien le plus précieux. Il ne se disperse pas, se concentre, s'homogénéise, t'enveloppant dans un espace de sérénité. 
Contrairement au dicton, le temps n'est pas de l'argent, c'est la vie même. Dans la vie quotidienne, on se laisse épuiser par le nombre de choses qu'on croit devoir faire.... ou qu'on pourrait faire. Quand on prend son temps, quand on limite le nombre d'options au maximum, on goûte pleinement à l'existence."

Mike Horn, Vouloir toucher les étoiles.

 

21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 11:18

"La femme ? c'est bien simple, disent les amateurs de formules simples : elle est une matrice, un ovaire ; elle est une femelle ; ce mot suffit à la définir. Dans la bouche de l'homme, l'épithète "femelle" sonne comme une insulte ; pourtant il n'a pas honte de son animalité, il est fier au contraire si l'on dit de lui " C'est un mâle !" Le terme "femelle" est péjoratif non parce qu'il enracine la femme dans la nature, mais parce qu'il la confine dans son sexe ; et si ce sexe paraît à l'homme méprisable et ennemi même chez les bêtes innocentes, c'est évidemment à cause de l'inquiète hostilité que suscite en lui la femme ; cependant il veut trouver dans la biologie une justification de ce sentiment. Le mot femelle fait lever chez lui une sarabande d'images : un énorme ovule rond happe et châtre le spermatozoïde agile ; monstrueuse et gavée la reine des termites règne sur les mâles asservis ; la mante religieuse, l'araignée repues d'amour broient leur partenaire et le dévorent ; la chienne en rut court les ruelles, traînant derrière elle un sillage d'odeurs perverses ; la guenon s'exhibe impudemment et se dérobe avec une hypocrite coquetterie ; et les fauves les plus superbes, la tigresse, la lionne, la panthère se couchent servilement sous l'impériale étreinte du mâle. Inerte, impatiente, rusée, stupide, insensible, lubrique, féroce, humiliée, l'homme projette dans la femme toutes les femelles à la fois."

Simone de Beauvoir, Le deuxième Sexe, I - Chapitre premier : Les données de la biologie

15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 21:50

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Puisque je suis au bord de la mer, je peux apprendre de la mer. Personne n’a le droit d’exiger de la mer qu’elle porte tous les bateaux, ou du vent qu’il gonfle perpétuellement toutes les voiles. De même, personne n’a le droit d’exiger de moi que ma vie consiste à être prisonnier de certaines fonctions. Pour moi, ce n’est pas le devoir avant tout mais : la vie avant tout. Tout comme les autres hommes, je dois avoir droit à des moments où je puisse faire un pas de côté et sentir que je ne suis pas seulement une partie de cette masse que l’on appelle la population du globe, mais aussi une unité autonome.
13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 12:22

amour solitude

Entretiens avec Charles Juliet, Judith Brouste et Patrick Vighetti pour raconter une philosophie désespérée et apaisante. On naît seul et on meurt seul affirme André Comte Sponville,en citant Montaigne, Spinoza, Lucrèce, Freud... A l'instar d'un certain Stephen Jay Gould, magnifique vulgarisateur des sciences biologiques, André Comte Sponville excèle dans l'art de transmettre le goût de la philosophie, le goût de vivre vrai.

6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 18:05

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La sagesse se reconnaît à un certain bonheur, à une certaine sérénité, disons à une certaine paix intérieure, mais joyeuse et lucide, laquelle ne va pas sans un exercice rigoureux de la raison. C'est le contraire de l'angoisse, c'est le contraire de la folie, c'est le contraire du malheur.

André Comte Sponville, Présentation de la Philosophie

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