Et, ces adultes plongés dans leurs travaux ou leurs soucis, quand trouveront-ils le temps de s'y mettre, ou de s'y remettre ? Qu'il faille gagner sa vie, c'est entendu ; mais cela ne dispense pas de la vivre. (...) Pourquoi attendre d'avantage ? Pourquoi différer le bonheur ? Il n'est jamais trop tôt...
André Comte Sponville, Présentation de la philosophie
"D'une manière générale, la vue d'un objet étincelant nous procure un certain malaise. Les Occidentaux usent, même pour la table, d'ustensiles d'argent, d'acier, de nickel, qu'ils polissent afin de les faire briller, alors que, nous autres, nous avons en horreur tout ce qui resplendit de la sorte. Il nous arrive certes, à nous aussi, de nous servir de bouilloires, de coupes, de flacons d'argent, mais nous nous gardons bien de les polir ainsi qu'ils le font. Bien au contraire, nous nous réjouissons de voir leur surface se ternir et, le temps aidant, noircir tout à fait ; il n'est guère de maison où quelque servante mal avisée ne se soit fait réprimander pour avoir astiqué un ustensile d'argent couvert d'une précieuse patine."
L'essai de Stéphane Hessel a fait tant de bruit. Le témoignage d'un homme qui vécut et et vit tant de grands moments historiques est retentissant. Même si ses mots crient l'évidence et la logique, nous ne pouvons que saluer son exercice. En nous obligeant à prendre du recul sur notre histoire, à considérer le point de vue de nos aînés, nous pouvons entrevoir l'origine de notre monde actuel, ce pourquoi il a été créé, et ce qu'il a voulu éloigner de l'homme à jamais. L'exclusion, l'indifférence, la haine.
"Il ne faudrait pas ex-aspérer, il faudrait es-pérer. L'exaspération est un déni de l'espoir. Elle est compréhensible, je dirais presque qu'elle est naturelle, mais pour autant elle n'est pas acceptable. Parce qu'elle ne permet pas d'obtenir les résultats que peut éventuellement produire l'espérance."
Le coeur sur l'arbre vous n'aviez qu'à le cueillir Sourire et rire, rire et douceur d'outre-sens. Vaincu, vainqueur et lumineux, pur comme un ange, Haut vers le ciel, avec les arbres.
Au loin, geint une belle qui voudrait lutter Et qui ne peut, couchée au pied de la colline. Et que le ciel soit misérable ou transparent On ne peut la voir sans l'aimer.
Les jours comme des doigts repliant leur phalanges. Les fleurs sont desséchées, les graines sont perdues, La canicule attend les grandes gelées blanches.
A l'oeil du pauvre mort. Peindre des porcelaines. Une musique, bras blanc tout nus. Les ventset les oiseaux s'unissent - le ciel change.
Conduis-moi vers le meilleur de moi-même, aide-moi à devenir une personne à qui la plupart des choses, des créatures et des plantes vivantes accordent leur confiance, fais que je respecte toujours le mystère et le caractère de chaque forme de vie.
Aide-moi à ne jamais renoncer à l’exercice vital, celui qui consiste à protéger tous ceux qui respirent, et l’air que nous devons respirer, tous ceux qui ont soif et l’eau qui désaltère, tous ceux qui ont faim et la nourriture qui rassasie, tous ceux qui souffrent et le réconfort, la compassion et le secours dont ils auraient besoin.(...)
Au plafond de la libellule Un enfant fou s'est pendu Fixement regarde l'herbe, Confiant lève les yeux ; Le brouillard léger se lèche comme un chat Qui se dépouille de ses rêves. L'enfant sait que le monde commence à peine : Tout est transparent, C'est la lune qui est au centre de la terre, C'est la verdure qui couvre le ciel Et c'est dans les yeux de l'enfant, Dans ses yeux sombres et profonds Comme les nuits blanches Que naît la lumière
Où la vie se contemple tout est submergé Monté les couronnes d'oubli Les vertiges au coeur des métamorphoses D'une écriture d'algues solaires L'amour et l'amour.
Tes mains font le jour dans l'herbe Tes yeux font l'amour en plein jour Les sourires par la taille Et tes lèvres par les ailes Tu prends la place des caresses Tu prends la place des réveils.
J'ai fermé les yeux pour ne plus rien voir J'ai fermé les yeux pour pleurer De ne plus te voir.
Où sont tes mains et les mains des caresses Où sont tes yeux les quatre volontés du jour Toi tout à perdre tu n'es plus là Pour éblouir la mémoire des nuits.
Comme un coup de poing, ce roman vous prend par surprise et vous met K.O. Une découverte frappante dans ce premier roman d'Adeline Dieudonné, qui ne laissera personne indifférent.
"C'est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu'au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent."4
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau, En haut, ciel gris rayé d'une éternelle pluie, En bas, la rue où dans une brume de suie, Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.