La mangue est, selon moi, l'une des meilleures drupes que compte la flore de nos jours. Ce fruit charnu à noyau, comme l'abricot, à la chair jaune foncée, juteuse, au goût de pêche et de fleur, passablement rafraîchisante et néanmoins nourrissante, est originaire de l'Inde et de la Birmanie. On connaît aujourd'hui plusieurs centaines d'espèces de manguiers, dont seules quelques unes sont exploitées par l'homme. Ce fruit, atteignant parfois les deux kilos, s'est propagé sur l'ensemble des tropiques, adapté aux climats chauds et humides de ces régions, tant et si bien qu'on le retrouve depuis le Pérou jusqu'à la Côte d'Ivoire, et bien sûr sur ses terres natales au coeur de l'Asie, où le manguier pousse encore à l'état sauvage. Derrière la banane, le raisin, l'orange, la pomme et la banane plantain, la mangue est le sixième fruit le plus produit dans le monde. Pour la dégustation, rien n'y fait, la mangue ne brille dans l'éclat de sa saveur que consommée fraîche, au pied de l'arbre qui l'a portée. Sa maturité s'apprécie en la pressant doucement : si elle cède et qu'un parfum enivrant s'en échappe, ne tardez pas trop à ouvrir le fruit et à le déguster.

Poignant, horrifiant, ce film de Steven Spielberg est une oeuvre d'art majestueuse, traitant l'un des évènements les plus dramatiques du vingtième siècle. Relatant avec une tragique justesse la Shoah, les camps et la folie nazie, la caméra du réalisateur enfonce à chaque minute, et toujours plus profondément, l'implacable vérité de l'atrocité humaine, suintant l'intolérance pourrie, la bétise purulente, le vice entâché de haine, et le criminel penchant de l'humain qui se cache dans tout homme asservi par des idées xénophobes et totalitaires. Entre les ghettos et les camps, par delà la compréhension et l'entendement, là où toute raison ne peut que s'éteindre devant autant de mépris de la vie, le film n'a de cesse de nous montrer l'inadmissible. Le jeu de Liam Neeson, pour ne pas être parfait, ne laisse pas indifférent. L'homme qu'il incarne sauva plus d'un millier de vies juives et fut reconnu à la fin de la seconde Guerre Mondiale comme "Juste", car celui qui sauve une vie, sauve le monde entier.

Il y a deux sortes de lecteurs : ceux qui traversent les livres avec prudence, et ceux qui, tout aussi prudemment, laissent les livres les traverser.


Douglas Jerrold

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